"Les Cyprès Chauves"

26 octobre 2016

Il n’y a pas de saison pour découvrir la cascade de la Roche à Saint-Baudille-de-la-Tour, même si, l’été, l’endroit est moins arrosé et moins coloré… Merveilleux est ce site, bien ombragé, frais : c’est idéal pour une promenade en famille et accessible à tous avec de bonnes baskets. Certains diront même qu’à quelques mètres, c’est le “Bayou français’’.

 

À partir de Saint-Baudille-de-la-Tour, prendre la route du hameau de Baix. Environ 1 km après celui-ci, à gauche, oublier la voiture et prendre le petit sentier l’étang de la Roche à droite. C’est à pied qu’il faut descendre avant de découvrir ladite cascade bordée de ruines…


L'étang de boulieu et la cascade de la roche

 Été 1968 : une tempête diluvienne

Jadis, il y avait un moulin et Bernard Béjat se souvient que son grand-père, né en 1903, y allait moudre le grain… De ses souvenirs d’enfance, il n’oublie pas non plus l’été 1968 au cours duquel il vit un déluge comme jamais depuis il n’en a revu. Tout débordait et un bloc de pierre est même tombé du haut de la cascade, creusant un trou de 6 mètres de fond en forme de geyser, aujourd’hui rebouché par les alluvions. Le Furon, ruisseau qui alimente la cascade était en furie. Même la digue a cédé. L’eau était de partout, atteignant jusqu’à 1,50 mètre.

On ne sait pas vraiment dans quelle commune se situe la cascade de la Roche, le lieu étant si beau (il faut le voir aussi l’hiver, alors que les chutes d’eau sont prises dans la glace) que Charette comme Saint-Baudille-de-la-Tour, en revendique la propriété !

Chose certaine, l’étang de Boulieu, lieu enchanteur, et peut-être enchanté, qui se trouve à proximité est bien, lui, sur le territoire de Saint-Baudille. Propriété privée, il n’en reste pas moins très visité, attirant les amateurs de nature et d’insolite toujours respectueux de l’endroit. Le site est tout simplement incroyable de beauté.

Dans ses eaux s’y trouve une forêt de cyprès chauves. Le cyprès chauve est un conifère pouvant mesurer 40 mètres de hauteur, que l’on trouve principalement en Floride dans les Everglades. Pour survivre dans les milieux difficiles, les pieds dans l’eau, il développe autour de son tronc de curieuses racines aériennes et, fait rare chez les conifères, il perd ses feuilles en hiver. À l’automne, il change de couleurs pour devenir jaune, orangé et rouge… avant de devenir chauves. D’où l’appellation.

De bien mystérieux souvenirs de vacances

En scrutant la surface de l’étang, le regard s’attend à voir surgir quelques crocodiles, l’âme se surprend à vouloir glisser sur un radeau entre les troncs majestueux. Tous les sens sont en émoi devant cette forêt, entre légendes et mystères. D’où peuvent bien provenir ces cyprès rares ? Il serait fort probable que ceux-ci aient été plantés par le comte Hilaire de Chardonnet. Bien qu’originaire de Besançon, Hilaire de Chardonnet est un grand nom dans l’histoire du canton et surtout dans celle de l’industrie textile mondiale. Né 1839 à Besançon, il entre en 1884 dans l’histoire des grands inventeurs et connaît la célébrité et la fortune en inventant la soie artificielle. À Gergy, dans une dépendance, il aménage un laboratoire éclairé par des verrières et c’est dans son château du Vernay, à Charrette, qu’il s’emploie à perfectionner son système. On raconte que c’est de l’un de ses nombreux voyages à travers le monde qu’il a ramené les arbres aux allures énigmatiques et les a plantés dans l’étang de Boulieu.


Le récit de la sortie

Samedi 29 octobre 2016 est la date fixée pour une randonnée pédestre préparée minutieusement à l’avance… les gps et les smartphones sont connectés... nous sommes donc fin prêts pour affronter les grands chemins et les petits sentiers !

 

Surbaix, près de Sainte-Baudille-De-La-Tour (38) est le point de départ de cette randonnée, initialement prévue pour 17 km 200 précisément. La suite révélera qu’un sentier introuvable, malgré la pléthore technologique qui nous accompagne, nous acquittera de 2 kilomètres supplémentaires… qu’importe le plaisir de cette balade nous fera oublier bien vite cet incident !

 

Le circuit ne comporte pas de difficultés particulières, puisque le dénivelé total positif représente environ 260 mètres. Le tracé emprunte en majorité des espaces boisés, ponctués d’étangs, dont le plus représentatif des zones humides du Nord Isère est l'étang de Lemps où une pause contemplative s'impose pour tenter de surprendre la faune... malheureusement trop discrète ce jour-là ! 

 

Après le pique-nique réparateur de la mi-journée, l’itinéraire nous conduit enfin vers la cascade de la Roche, alimentée par le Furon. A quelques mètres de cet endroit, nous découvrons enfin l’étang de Boulieu et son spectacle exceptionnel que constitue cette forêt de Cyprès Chauves. Nous sommes alors transportés loin d’ici, dans les bayous de Louisiane ! Le moment de notre randonnée est effectivement bien choisi car c’est une vision éphémère qui s'offre à nous lorsque ces arbres prennent une teinte rougeâtre, avant de perdre leurs aiguilles qui viennent alors tapisser la surface de l’étang.

 

 

Après être rassasiés de ce spectacle exceptionnel, nous terminons notre périple en remontant directement vers Surbaix où s’achève cette journée de marche en Isère.



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CIRCUIT SURBAIX 19 km
Circuit Surbaix 19 km.jpg
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